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La circulaire fut promptement connue et divulguée par la voie de la presse ; il y eut grand bruit dans Landerneau. La discussion ouverte au Corps législatif sur ce sujet fut instructive, car elle prouva péremptoirement et une fois de plus encore l’inanité de pareilles mesures. Le directeur général des postes avoua avec une bonne foi qui mit bien des rieurs de son côté que les efforts de son administration avaient abouti à faire arrêter cinq lettres qu’on présumait contenir la lettre suspectée. Les cinq lettres, envoyées au préfet de police, furent rendues par lui au service des postes sans avoir été ouvertes et subirent douze ou vingt-quatre heures de retard dans la transmission. Quant au fait en lui-même, régulier en principe, car la loi est malheureusement formelle à cet égard, il était irrégulier dans l’application. Le directeur général, au lieu d’agir sur tous les bureaux disséminés sur le territoire de la France, aurait dû limiter son action au département de la Seine, qui est la circonscription de l’autorité du préfet de police, et attendre la réquisition successive de tous les procureurs généraux pour faire opérer dans le ressort de chacun d’eux. Là était l’illégalité : elle ne fut pas niée par l’autorité compétente. En présence des explications données, la Chambre passa simplement à l’ordre du jour. — La malice française s’en mêla, et pendant longtemps des lettres jetées à la poste portaient ces mots sur l’enveloppe : Rien du comte de Chambord.

Il est à regretter que l’on n’ait pas profité du trouble très-réel et très-explicable qu’un tel incident jeta dans l’esprit de la population, pour demander la révision de la législation en ce qui touche le secret des lettres, et pour faire disparaître de notre code ces articles barbares que nous a légués la vieille monarchie, que tout gouvernement soucieux de sa propre dignité ferait bien de répudier et qui devraient limiter les cas