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louable. Les ménagements pour les conspirations sont une trahison envers le peuple. » Grands mots, derrière lesquels les actes ne peuvent même pas cacher ce qu’ils ont d’odieux. Plus tard, Robespierre parut avoir changé d’avis : le 28 janvier 1791, il monte à la tribune, et à propos des correspondances renvoyées à l’examen de l’Assemblée parce qu’elles attaquaient les représentants du peuple, il dit : « Comment sait-on que ce sont des écrits contre l’Assemblée nationale ? On a donc violé le secret des lettres ? C’est un attentat contre la foi publique ! » Ces paroles contiennent implicitement une promesse que devait démentir le Comité de salut public.

Ce furent les Girondins, lorsqu’ils étaient les plus forts, qui donnèrent le mauvais exemple. Ils ne se gênèrent point pour décacheter les lettres des feuillants, des fayettistes ; la Montagne devait le leur rendre quand son tour fut venu. Elle eut au moins le mérite de procéder ouvertement ; ce ne fut plus une embûche, ce fut une mesure de sécurité publique, et deux membres de la Convention furent délégués pour connaître des correspondances qui pouvaient compromettre le salut du pays. Après le 9 thermidor, on essaya de ramener les postes à un état normal ; on voulut une fois de plus rompre avec la raison d’État et revenir à la probité. Dans la séance du 19 frimaire an III (9 décembre 1794), la Convention décrète « que le secret des lettres ne sera plus violé dans l’intérieur de la république, et renvoie au comité des transports les observations faites sur l’administration des postes. » Je doute que les thermidoriens, dont la moralité n’était point exemplaire, aient tenu grand compte de ce décret, car jamais peut-être la police ne fut plus pénétrante qu’à cette époque : par bonheur pour les intéressés, sa vénalité la rendait peu redoutable, et il était facile de s’accommoder avec elle.

Sous le Consulat et l’Empire, nulle hésitation n’est