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« À onze heures du matin, le 15 juillet, M. Villain d’Aubigné, du district des Feuillants, partit du Palais-Royal avec une escorte, se rendit à l’hôtel général des postes, où il prit avec le fils de M. le baron d’Ogny les mesures nécessaires pour que les lettres fussent désormais inviolables[1]. »

Les députés aux États généraux ne furent point sourds à l’appel de leurs commettants ; ils s’en firent l’écho. Dans la séance du 8 juillet 1790, sur le rapport d’Armand Gontaut (ci-devant Biron), l’Assemblée nationale supprime les fonds affectés au cabinet du secret des postes ; dans la séance du 22 août suivant, elle décrète, après avoir entendu le rapporteur La Blache, que les administrateurs et les employés des postes prêteront, les premiers entre les mains du roi, les seconds entre les mains des juges, serment de respecter et de faire respecter par tous les moyens en leur pouvoir « la foi due au secret des lettres de toute la correspondance du royaume ».

On pourrait croire d’après cela que le cabinet noir était définitivement fermé, et que les moyens de gouvernement dont usaient « les tyrans » ne pouvaient convenir à un « peuple libre » ; on se trompait. De quelque côté et pour quelque cause que l’on combatte, les armes sont perpétuellement les mêmes. Dès l’ouverture des États généraux, on peut deviner que, si jamais Robespierre arrivait au pouvoir, il ne mépriserait pas ce moyen d’investigation qu’on avait si justement reproché à la monarchie absolue. Répondant à Mirabeau, il dit, dans la séance du 25 juillet 1789 : « Sans doute les lettres sont inviolables ; mais lorsque toute une nation est en danger, lorsqu’on trame contre sa liberté, ce qui est un crime dans les autres temps devient une action

  1. Dussaulx, l’Œuvre des sept jours.