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premier et d’une façon régulière « le cabinet du secret des postes ». Ses prédécesseurs, on le sait, ne s’étaient point fait faute de prendre copie des dépêches qu’il leur importait de connaître ; mais c’est à lui que remonte le triste honneur d’avoir définitivement réglé cette étrange administration. Elle avait pour but de découvrir les secrets de la vie privée ; mais il ne faut pas la confondre avec l’agence politique destinée à percer les mystères de la diplomatie, et qui eut pour directeurs en ce temps-là le prince de Conti et le comte de Broglie.

Dans ses curieux Mémoires, madame du Hausset, femme de chambre de la marquise de Pompadour, raconte naïvement ce qu’elle a vu elle-même. Son témoignage est important. « Le roi avait fait communiquer à M. de Choiseul le secret de la poste, c’est-à-dire l’extrait des lettres qu’on ouvrait, ce que n’avait pas eu M. d’Argenson malgré toute sa faveur. J’ai entendu dire que M. de Choiseul en abusait, et racontait à ses amis les histoires plaisantes, les intrigues amoureuses que contenaient souvent les lettres qu’on décachetait. La méthode, à ce que j’ai entendu dire, était fort simple : six ou sept commis de l’hôtel des postes triaient les lettres qu’il leur était prescrit de décacheter, et prenaient l’empreinte du cachet avec une boule de mercure ; ensuite on mettait la lettre, du côté du cachet, sur un gobelet d’eau chaude, qui faisait fondre la cire sans rien gâter ; on l’ouvrait, on en faisait l’extrait, et ensuite on la recachetait au moyen de l’empreinte. Voilà comme j’ai entendu la chose. L’intendant des postes apportait les extraits au roi le dimanche. On le voyait entrer et passer comme les ministres pour ce redoutable travail[1]. »

Ces renseignements sont inexacts, mais ils sont précieux, car ils mettent sur la voie de la vérité. La vapeur

  1. Mémoires de madame du Hausset ; éd. Barrière, p. 33 et suiv.