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ans, leurs pouvoirs expiraient, mais pouvaient être renouvelés. De quinzaine en quinzaine, ils devaient rendre compte de leur gestion à l’assemblée souveraine, qui seule était apte à prononcer sur leur sort. Le peuple, dans les assemblées de district, nommait lui-même le directeur de la poste aux lettres des quartiers et des cantons. Ce fut à la suite de cette loi que fut adopté le modèle des malles-postes, inventées par Palmer, directeur du Post-Office de Londres, et que l’Angleterre employait depuis 1784. Elles devaient partir tous les jours de Paris, marcher nuit et jour, et faire réglementairement une moyenne de deux lieues à l’heure. Elles survivaient encore au temps de notre enfance, ces bonnes voitures jaunes, formées d’un coupé-cabriolet et d’une rotonde ; une large bâche de cuir retenait les paquets des cinq ou six voyageurs qu’elles pouvaient contenir ; quatre chevaux montés par deux postillons les entraînaient à travers la poussière qu’elles soulevaient sur les routes. Elles ont duré en France jusqu’en 1839 et 1840. À cette époque, M. Conte, administrateur fort intelligent, alla lui-même en Angleterre étudier le Mail-coach qui avait succédé depuis longtemps à la patache de Palmer, et la France fut dotée de ces excellentes berlines de poste, de ces briskas rapides et commodes qui firent jadis notre admiration, qui devaient voyager avec une vitesse moyenne de 16 kilomètres à l’heure, et qui n’ont disparu que devant la locomotive des chemins de fer.

Cependant les postes n’étaient point florissantes tant que dura la période de la Révolution : les maîtres de poste, aux trois quarts ruinés, donnèrent leur démission ; mais la terrible assemblée ne plaisantait pas avec les services publics, et un décret du 8 octobre 1793 força les démissionnaires à reprendre leurs fonctions. Comme il y allait de la tête, ou peu s’en faut, ils n’hésitèrent