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provinces italiennes qui ne sont point pourvues de voies ferrées.

En lisant, dans Brantôme, la Vie du maréchal « d’Estrozze » (Strozzi), on peut voir ce qu’était un maître général des postes, à Paris, sous Henri III. Brusquet, dont « il faut dire que ça esté le premier homme pour la bouffonnerie qui fut jamais, n’y sera, et, n’en déplaise au moret de Florence, fut pour le parler, fut pour le geste, fut pour escrire, fut pour les inventions, bref pour tout, sans offenser ny desplaire, » Brusquet avait une centaine de chevaux dans ses écuries, et « je vous laisse à penser le gain qu’il pouvoit faire de sa poste, n’y ayant point alors de coches, de chevaux de relays, ny de louage que peu, comme j’ay dict, pour lors dans Paris, et prenant pour chasque cheval vingt solz, s’il estoit françois, et vingt-cinq s’il estoit espagnol, ou autre étranger[1]. »

Henri III, pressé par des besoins d’argent, refusa de reconnaître à l’Université le droit de messagerie, à moins qu’elle ne prît et payât licence. La vieille institution regimba ; jalouse de ses privilèges, elle défendit celui-ci à outrance, et n’en fut pas moins condamnée à de fortes amendes, que Henri IV, qui voulait se mettre bien avec tout le monde, lui fit restituer en 1597. Sully, qui fut un homme universel, s’occupa spécialement des postes, dont il semble avoir deviné la future importance. Le nombre des relais est considérablement augmenté sous son ministère, les chevaux de poste sont soustraits aux réquisitions, déclarés objets du domaine royal, et, comme tels, marqués d’un II couronné et de la fleur de lis. Un édit du 3 août 1602 introduit de nouvelles améliorations ; des relais sont placés jusque sur les chemins de traverse, chaque ville est autorisée à posséder un

  1. Brantôme, éd. Monmerqué, t. Ier, p. 450 et suiv.