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gnages du public, et nous ne nous plaindrons ici que des vexations qu’on nous fait éprouver sans motifs ni raisons.

Il y a une infinité de circonstances où les voyageurs ne peuvent se servir des diligences, et qu’ils sont obligés d’avoir recours à nos voitures.

1o Lorsque les voyageurs veulent partir à des jours nommés, qui ne sont pas ceux du départ des diligences ;

2o Lorsqu’ils ne trouvent point de place dans les diligences, ce qui arrive souvent, quand on n’a pas la précaution de les retenir longtemps d’avance ;

3o Quand ils veulent se rendre dans les endroits par où les diligences ne passent point ;

4o Quand ils veulent avoir une voiture à leur commandement pour aller et pour revenir.

Eh bien, dans tous ces cas et autres semblables, nous sommes obligés d’acheter une permission qui coûte 5 sous par lieue pour chaque personne. Par exemple, si une compagnie de quatre personnes veut aller à quinze lieues de Paris, il faut payer 50 livres au bureau, tant pour aller que pour revenir. S’il y a des domestiques, ils payent à proportion. À défaut de cette permission, ou faute de s’y conformer ponctuellement, nos voitures sont confisquées si les commis ambulants les rencontrent, et nous sommes condamnés à l’amende.

Que le privilégié jouisse du droit exclusif de mener les voyageurs dans les villes pour lesquelles ses diligences et messageries sont destinées, c’est ce qui lui est affermé ; mais qu’il ôte aux voyageurs la liberté de voyager par d’autres moyens, lorsqu’ils ne peuvent avoir de place dans les diligences, ou lorsqu’ils vont dans des endroits où les diligences ne conduisent point, c’est une extension de privilége vexatoire pour le public et désastreuse pour nous. Les chemins appartiennent à tout le monde. Le roi ne peut et n’entend point en priver ses sujets ; s’il a établi des bureaux de diligences, c’est pour la commodité du public, et non point pour le réduire à une gêne qui ressemble à la servitude.

§ 4. — Doléances contre les maîtres de poste.

Les maîtres de poste s’imaginent aussi, comme les autres privilégiés, que les grands chemins leur appartiennent exclusivement. À nous, ils s’arrogent le droit de saisir nos chevaux, lorsqu’ils les rencontrent à des relais. Des voyageurs trouvent qu’il leur est plus commode de se servir de nos chevaux que de ceux de la poste.

D’autres veulent éviter les postes royales, soit à leur départ de Paris, soit à leur retour.

D’autres enfin craignent de ne pas trouver à la poste des chevaux prêts à partir, comme il arrive assez souvent.