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manière. La relation écrite de la mission du comte de Bemstorf prouve combien ce refus de s’expliquer a été positif.

En attendant, les ministres français étaient résolus de partir pour Seltz le troisième jour, 28, à huit heures du matin. Tous les préparatifs étaient faits ; les voitures chargées se trouvaient déjà dans la cour du château ; mais, vu les circonstances, les patrouilles de hussards croisant particulièrement sur la route de Rastadt à Seltz, et ayant déjà arrêté, le 19, plusieurs ministres allemands, et entre autres celui de Wurzbourg, dont elles avaient pris et gardé les papiers, d’ailleurs les déclarations du colonel Barbatzy, tant sur cet incident que sur l’arrestation du courrier français, n’étant aucunement rassurantes pour le voyage de la légation française, on ne pouvait s’empêcher d’avoir des inquiétudes ; car il paraissait au moins possible que les ministres fussent arrêtés par méprise, et qu’il en résultât de très-grands inconvénients. C’est pourquoi toutes les personnes diplomatiques qui étaient encore en relation avec les ministres français leur conseillèrent de différer leur voyage de quelques heures ou jusqu’au lendemain, la réponse du colonel Barbatzy aux représentants des ministres prussiens, mayençais et de Bade étant attendue à chaque moment. Les ministres français cédèrent à ces instances, particulièrement sur l’observation qu’il était convenable d’attendre le résultat des démarches faites par les autres ministres, dont ils se montraient très-reconnaissants. Comme à onze heures du matin il n’y avait encore aucune réponse, le ministre mayençais, baron d’Albini, écrivit de nouveau au colonel Barbatzy, et lui demanda une réponse catégorique sur la question « si les ministres français, prêts à partir, et munis de passeports du baron d’Albini, étaient dans le cas de rencontrer aucun obstacle ».

On espérait que l’ordonnance de Bade, envoyée avec cette lettre, serait de retour vers trois ou quatre heures après-midi, avec une réponse ; mais on se trompa. Le soir, entre sept et huit heures, il arriva un officier de hussards avec quelques soldats ; l’officier se rendit sur-le-champ au château, près des ministres français et de Mayence, et suivant le témoignage des ministres soussignés, comte de Goërtz, de Dohm et de Solms, qui étaient présents, il les pria d’excuser le colonel Barbatzy, trop occupé pour répondre par écrit ; mais il déclara, en son nom, que les ministres français pouvaient voyager en toute sûreté, et que, pour cet effet, il leur était même fixé un terme de vingt-quatre heures. Quant à la légation prussienne, elle ne reçut à sa lettre au colonel Barbatzy aucune réponse ni écrite ni verbale.

L’officier impérial remit aux ministres français une lettre ; M. de Dohm est le seul qui l’ait vue par hasard, et il garantit qu’elle renfermait à peu près les lignes suivantes :