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se produire. Il est inutile de dire, je crois, que ces boîtes ne sont pas exclusivement consacrées aux noyés, et qu’on y trouve de quoi remédier aux mille accidents qui à toute minute peuvent atteindre une population aussi nombreuse que celle de Paris.

Malgré tant de vigilance et de bon vouloir, la rivière voit chaque année se terminer bien des existences. Quand un cadavre est repêché, le commissaire de police le plus voisin de l’endroit où il a été trouvé fait un procès-verbal de la levée du corps, qui à la suite de cette indispensable formalité est envoyé à la Morgue, dont il convient de parler, car ce lieu sinistre est une annexe directe de la Seine.

v. — la morgue.

Le Châtelet. — La Motte aux Papelards. — La Morgue actuelle. — Mesures. — Livre de greffe. — Registre de renseignements. — Dialogues. — Façon de procéder. — Insuffisance des traitements. — Sagacité. — Soins gratuits. — Le nécessaire. — Inhumations. — Souvenir des révolutions. — Accroissement. — Statistique. — Femmes. — Nouveaux-nés. — Carnaval. — Causes. — Morts de faim. — Proportions. — Primes et encouragements. — Sauveteurs. — Héros. — L’évêque Saint-Marcel.


La Morgue était originairement le second guichet du Grand Châtelet. On y gardait les nouveaux prisonniers pendant quelques instants, afin que les guichetiers pussent les morguer[1] à leur aise, c’est-à-dire les regarder attentivement et se graver leurs traits dans la mémoire. Ce fut là ensuite qu’on déposa les cadavres ramassés sur la voie publique ou dans la Seine[2]. Plus tard, en 1804,

  1. Au dix-septième siècle, le verbe morguer était fort en usage : « Guitaut m’écrit de Saint-Ange, à trois lieues de Fontainebleau où il est allé morguer la cour. » (Madame de Sévigné à madame de Grignan, t. VI, p. 495 ; édit. Hachette.)
  2. « Le jour du mardi gras, deux jeunes gens masqués ayant pris querelle au bal de l’Opéra, en sortirent pour se battre ; l’un d’eux, qui était déguisé en femme, fut tué ; sa maîtresse, qui l’avait suivi, le voyant par