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1 200 francs de loyer. Les abreuvoirs sont libres[1] ; il y en a sept où l’on peut aller baigner les chevaux et les chiens. Toutes les industries qui vivent de la Seine ou sur la Seine sont réglementées par l’ordonnance de police du 25 octobre 1840, ordonnance qui, empruntant certains éléments constitutifs à celles qui l’ont précédée sur la matière en 1669 et 1672, est un chef-d’œuvre de prévoyance et de clarté.

La préfecture de police ne se contente pas de veiller à ce que les abords des berges et des ponts ne soient pas encombrés, à ce qu’un espace suffisant soit toujours laissé libre pour la navigation, à ce que les matériaux débarqués soient enlevés dans un délai déterminé ; elle va plus loin, et prend toute sorte de précautions minutieuses pour parer aux accidents individuels qui journellement se produisent sur le fleuve. Elle sait que le Parisien est étourdi, imprudent, ivrogne et bravache, qu’il monte dans les canots dont il ignore l’équilibre, qu’il se baigne sans savoir nager et qu’il s’endort parfois avec insouciance sur les parapets. Aussi a-t-elle fait disposer dans tous les endroits propices des boîtes de secours munies d’un formulaire indiquant l’usage qu’on doit faire des instruments qu’elles contiennent[2]. Ces boîtes précieuses, ces instructions rédigées avec une extrême lucidité, ont servi à rappeler à la vie bien des

  1. Ce fut Jehan Popin, prévôt des marchands, qui fit établir le premier abreuvoir à Paris, en 1293.
  2. Malgré tant de soins et de prescriptions, on n’est pas encore parvenu à empêcher qu’on ne suspende les noyés la tête en bas ; cet usage, aussi dangereux qu’absurde, ne date pas d’hier ; je lis dans les Lettres écrites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829 par Champollion le jeune : « C’est au milieu de tout ce peuple amoncelé qu’on aperçoit un groupe donnant des secours empressés à un chef que l’on vient de retirer du fleuve ; on le tient suspendu par les pieds, la tête en bas, et on s’efforce de lui faire rendre l’eau qui le suffoque, afin de le rappeler à la vie. » (Lettre XIV.) Ce bas-relief appartient au Rhamesseum occidental de Thébes et fait partie de la représentation d’une campagne de Sésostris le Grand dans la Bactriane.