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sert à se hâler lorsque la remonte est trop pénible ; les fondations sont visitées régulièrement ; dès qu’un ensablement se manifeste sous une arche, vite on amène une drague à vapeur et l’on rend à la rivière sa profondeur normale[1]. Quelque rapide que soit encore le courant sous le pont Notre-Dame et le pont au Change, il n’offre plus de danger, et les naufrages sont bien plus rares aujourd’hui qu’autrefois. Faut-il ajouter que les abords des ponts sont encore un rendez-vous pour les pêcheurs à la ligne ? Malgré les bateaux à vapeur qui la fouettent incessamment, la Seine, largement engraissée par les détritus de Paris, est abondante en poisson. On doit le croire du moins, car la pêche au filet depuis Bercy jusqu’à l’ancienne barrière des Bonshommes est affermée annuellement pour la somme de 9 100 francs. Je ne sais si l’État loue aussi le droit d’afficher sur les piles des ponts, mais, au mois de juin 1867, un marchand de papiers peints, voulant sans doute attirer l’attention des personnes qui, sur les Mouches, se rendaient à l’Exposition universelle, avait placardé sur toutes les piles de tous les ponts des pancartes jaunes où il affirmait le bon marché et l’excellente qualité de sa marchandise.

  1. On lit dans le Moniteur du 22 juillet 1867 : « Une puissante drague, mue par la vapeur, fonctionne en ce moment sans relâche aux abords du pont au Change avec le concours d’une nombreuse équipe de travailleurs. L’opération qu’on exécute sur ce point a pour but d’approfondir le chenal navigable et de débarrasser le lit du fleuve des restes des fondations de l’ancien pont au Change, qui n’ont pu être extraits lors de la construction du nouveau pont. Ce n’est pas sans difficulté qu’on parvient ainsi à retirer de l’eau des blocs de pierre d’un fort volume, d’énormes pilotis. Plusieurs hommes, montés sur le bateau dragueur et sur des batelets de service, surveillent attentivement la marche de l’appareil. Dés qu’un bloc de pierre ou une pièce de bois se montre dans l’eau, soulevés par la drague, on s’en rend maître à l’aide de tout un système d’engins spéciaux, tels que pics, crampons, gigantesques griffes de fer qui font l’office de tenailles, et dont les branches sont reliées par une chaîne à un cabestan installé sur une embarcation. On a pu constater que les pilotis successivement retirés, et qui datent de l’origine du pont, sont dans un parfait état de conservation, après plusieurs siècles de séjour sous l’eau. »