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diat de tous les ponts. « Quand toutes les cheminées avec les entresols seront dans la rivière, dit-il, il faudra bien d’autres travaux pour décombrer le lit de la Seine. » Il avait raison, et, fait rare, il fut entendu, car on prit enfin la grande mesure réclamée depuis si longtemps, et l’on commença à rendre le passage des ponts sérieusement praticable.

En ce même mois (mai 1578), dit Pierre de l’Estoile, à la faveur des eaux, qui lors commencèrent et jusques à la Saint Martin continuèrent d’être fort basses, fut commencé le pont Neuf de pierres de taille, qui conduit de Nesle à l’école Saint-Germain, sous l’ordonnance du jeune Du Cerceau, architecte du roy. » C’est Henri IV qui devait le voir terminer en 1602. À peine fut-il achevé, que les bouquinistes s’en emparèrent pour y mettre leurs échoppes et leurs étalages ; il ne fallut rien moins qu’un arrêt du parlement pour les en déloger en 1649 ; ils se sont réfugiés sur les quais et depuis lors ils les occupent en maîtres. La construction de ce pont donna lieu à une mesure fiscale qu’il est bon de signaler, car elle prouve que, dès cette époque, on avait compris que les provinces devaient, dans une certaine mesure, concourir aux embellissements de Paris : « Henri III, le 7 novembre 1577, constate la nécessité d’un pont nouveau parce que le pont Notre-Dame, le seul sur lequel on puisse passer avec chariot, coche et charrette, est encombré. Pour les dépenses de ce pont, un sol pour livre est imposé sur le principal de la taille des généralités de Paris, Champagne, Normandie et Picardie, parce qu’elles y avaient intérêt[1]. »

Dans ce temps-là, on n’avait guère de respect pour les nécessités de la navigation, qui cependant était plus considérable qu’aujourd’hui, car le pont était à peine

  1. Paris, sa population, son industrie, par Aug. Cochin, p. 72, 73.