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des chantiers importants, sorte de docks des bois flottés[1]. C’est ainsi que nous l’avons encore connue : réunie au quai des Célestins par le petit pont de Grammont et n’ayant pour toute maison qu’un poste occupé par des gardes municipaux ; l’étroit bras de la Seine qui la séparait de la ville a été comblé en 1843. Elle resta inhabitée, et en 1848 on y établit des baraquements pour quelques-uns des régiments de l’armée rassemblée à Paris à la suite de l’insurrection de juin. Aujourd’hui l’ancienne île Louvier est bordée d’un côté par le boulevard Morland, de l’autre par le quai Henri IV ; elle porte les magasins généraux de la Préfecture de la Seine et l’on ne se douterait guère à la voir qu’elle était, il y a vingt ans à peine, entourée d’eau de tous côtés[2].

L’ile Saint-Louis, qui de nos jours encore a conservé une physionomie toute spéciale (et qui offre une honorable particularité que Parent-Duchâtelet a fait ressortir), est formée de l’ile Notre-Dame et de l’ile aux Vaches ; en examinant un plan de Paris au seizième siècle, on voit que ces deux îles étaient séparées par un petit canal étroit qui ne pouvait recevoir aucun bateau et qui passait sur l’emplacement actuel de l’église Saint-Louis. Par contrat signé le 19 avril 1614 et enregistré le 6 mai de la même année, elles furent concédées à Christophe Marie, entrepreneur général des ponts de France, et à Le Regrattier, trésorier des Cent-Suisses, à la condition qu’ils réuniraient les deux iles ensemble et les joindraient à la terre ferme par un pont. Grâce

  1. Ses débuts sous ce rapport ne furent pas heureux. Dans la nuit du 28 au 29 mars 1721, un chantier de bois de charpente y fut consumé par un incendie que trois ouvriers allumèrent en fumant. Ces malheureux, périrent dans les flammes et le dégât dépassa 100,000 francs. Voy. Buvat, Journal de la Régence, t. II, p. 233.
  2. L’établissement du marché au bois de l’île Louvier, supprimé en vertu de l’ordonnance du 10 février 1841, avait été sanctionné par décret impérial du 21 septembre 1807.