Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/297

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’échelle du premier est donc marqué à 0m,45 au-dessus du sol même de la rivière ; le zéro de l’échelle du second à 0m,85. Ce calcul n’est pas d’une certitude absolument rigoureuse, car le lit de la Seine subit parfois des tassements et des ensablements qui peuvent modifier son niveau. Pour la Seine comme pour les hommes, les jours se suivent et ne se ressemblent pas ; les eaux les plus basses qu’on ait jamais observées se montrent le 29 septembre 1865 et laissent apercevoir le sol même de la rivière[1]. En 1866, précisément à la même date, les eaux gagnant pour cette année-là leur maximum d’élévation arrivent à 5m,50, et, par extraordinaire, c’est le 1er janvier que les eaux atteignent leur niveau le plus faible, 0m,20 au-dessus de zéro. Ce fait, qui au premier abord nous paraît étrange, d’un abaissement anormal de la rivière pendant les mois rigoureux, n’est pas aussi rare qu’on pourrait le croire et a déjà été remarqué par l’Estoile : « Le jeudi 3 janvier 1591, qui estoit le jour de Sainte-Geneviève, la rivière de Seine, qui estoit si basse en ceste saison que l’on pouvoit quasi aller à pied sec du quai des Augustins en l’isle du Palais (ce qui n’avait été vu de mémoire d’homme), vint à croistre ce jour, sans aucune cause apparente. »

Si Paris était une circonférence, la Seine en serait l’axe, car elle le traverse dans sa plus grande largeur, sur une étendue de 11 kilomètres et demi ; la vitesse moyenne de son cours entre les quais qui la pressent et accélèrent sa marche est de 0m,65 par seconde, ce qui donne 2 340 mètres à l’heure, un peu plus d’une demi lieue ; une épave abandonnée au fil de l’eau mettrait

  1. « On sait à quel état les sécheresses de 1865 avaient réduit la Seine. La rivière avait pris l’aspect d’un véritable égout, dont les eaux bourbeuses excitaient une vive répugnance. » (Robinet, Sur une application de l’hydrotimétrie.) En effet, le 29 septembre, les observations portent que la Seine descendit à un mètre au-dessous du zéro de l’étiage du pont Royal ; il faut admettre dans ce cas que les fanges du lit de la rivière s’étaient affaissées de 20 centimètres au moins.