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ville fut sauvée. Plus récemment, en 1740, à Noël, Paris fut littéralement inondé. On allait en barque dans toutes les rues, « et, dit Barbier, c’est un concours de bateaux comme en été au passage des Quatre-Nations. » La place du Palais-Royal, la place Maubert, la place Vendôme, les Champs Élysées, étaient sous l’eau. Des maisons furent renversées, une entre autres rue Saint-Dominique. Pour porter remède à tant de désastres on découvrit la châsse de sainte Geneviève[1].

On a maintenant des moyens plus certains pour resserrer la Seine et l’empêcher de courir la prétantaine à travers Paris ; nos ingénieurs des ponts et chaussées n’emploient guère de reliques, mais il faut croire que leurs procédés ne sont pas mauvais ; car, malgré les déboisements imprudents qui ont dénudé les montagnes voisines de ses rives, elle est assez paisible maintenant et ne franchit plus le rempart de ses quais ; ce qui ne l’empêche pas du reste d’être sévèrement surveillée : chaque jour sa hauteur est relevée, enregistrée, et tous les ans le tableau de ses variations est envoyé à l’Académie des sciences, à l’Observatoire, à la Préfecture de police, à l’Hôtel de Ville, au ministère de l’Intérieur et à celui des Travaux publics.

Il y a deux étiages à Paris, celui du pont de la Tournelle et celui du pont Royal. Chacun sait qu’un étiage est le niveau de la rivière pris à ses plus basses eaux ; ce sont celles de 1719 qui ont servi de point de départ. Pour avoir la hauteur exacte de la rivière depuis le fond jusqu’à la superficie, il faut ajouter 0m,45 pour le pont de la Tournelle et 0m,85 pour le pont Royal ; le zéro de

  1. « Le 17 ou le 18 de ce mois (mai 1751), la Seine a débordé ; les fossés du Cours et des Champs-Élysées étaient remplis d’eau ; on y allait en bateau. L’inondation a duré jusqu’au 25 ou 26. Je fus, le 20, aux tours Notre-Dame ; le temps, par malheur, était bas et nébuleux, ce qui m’ôta la moitié du plaisir que j’aurais eu à voir pleinement un spectacle aussi beau et aussi singulier. » (Collé, Mémoires, t. 1, p. 302. Édit. Honoré Bonhomme.