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longtemps, n’a pas même été soupçonnée et dont la science commence à se préoccuper activement. Beaucoup de personnes, — en nombre bien plus considérable qu’on ne pourrait l’imaginer, — sont atteints d’une très-singulière maladie de l’œil, qu’on appelle le daltonisme, à cause du physicien Dalton qui le premier en a fait une étude spéciale sur lui-même, et que les Anglais nomment l’anérythropsie. Cette étrange affection dénature à ce point la coloration, que le rouge parait vert à ceux qui en sont atteints et vice versa. Or les signaux de nuit usités dans les gares et sur les voies sont des feux rouges et des feux verts. Un mécanicen affecté de daltonisme peut parfaitement être abusé par cette perversion de la vue et croire qu’une voie est ouverte lorsque au contraire elle est fermée. On tient compte aujourd’hui des nouvelles découvertes qui ne laissent aucun doute sur cet état morbide des organes de la vision, et l’on fait passer des examens en conséquence aux postulants qui pourraient avoir des signaux de couleur à manœuvrer ou à reconnaître.

Ce que l’on peut affirmer, c’est que les précautions possibles sont prises par les chemins de fer pour éviter toute chance probable d’accidents. Sans compter les rapides dépêches du télégraphe électrique qui renseignent toujours, au besoin, sur l’état de la voie, des règlements précis et spéciaux imposent des prescriptions auxquelles les agents ne peuvent se soustraire sans encourir des amendes, l’expulsion, et, si le cas est grave, le renvoi devant les tribunaux. Lorsqu’une voie est obstruée, le mécanicien en marche est immédiatement prévenu par une série de signaux très-définis et auxquels il ne peut se méprendre. Si un train tombe inopinément en détresse, le conducteur doit immédiatement faire couvrir la voie, à une distance déterminée par des drapeaux pendant le jour, par des boites détonantes et des lanternes