Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/270

Cette page a été validée par deux contributeurs.

aux employés, qui trouvent en outre à l’économat de l’administration des vêtements qu’on leur livre exactement au prix de revient. Parmi ces hommes que nous voyons à chaque station descendre, crier le nom de la gare, courir aux portières qu’ils ouvrent, donner le coup de sifflet du départ et remonter à leur vigie quand déjà le train est en marche, beaucoup sont d’anciens militaires. Ils apportent dans leur service la régularité et l’agilité pratique de leur ancien métier. Ces fonctions, qui exigent une assez grande résistance physique, demandent des gens alertes et vigoureux ; aussi les compagnies ont fixé une limite d’âge au delà de laquelle on n’est plus admis à entrer dans les chemins de fer ; l’Ouest ne reçoit aucun employé âgé de plus de trente-cinq ans. Pour ces hommes continuellement en rapport avec les voyageurs, avec les bagages, avec les groupes, avec les mille objets qu’on laisse traîner dans les voitures, lorsqu’on descend momentanément à une station, la probité est devenue l’esprit de corps[1]. Leurs actes recommandables sont tellement fréquents qu’on ne les récompense même plus ; on se contente de les indiquer sur un tableau mensuel. S’ils sont honnêtes, ils ne sont point sots, et savent, par une sagacité souvent remarquable, découvrir le propriétaire d’un objet égaré.

Voici une anecdote qui m’est personnelle et qu’on me pardonnera de raconter, car elle n’est point à ma louange. Ayant à me rendre à Chatou, j’avais pris un billet aller retour que j’enfermai dans mon porte-monnaie. J’étais installé dans un wagon, en compagnie de trois ou quatre autres personnes et je lisais un journal, quand un employé, se présentant à la portière, demanda : « Qui

  1. Les employés ont, pendant l’année 1867, recueilli 7 382 objets dans les wagons arrivés à la gare de l’Ouest (rive droite). Sur ce nombre, 1 615 ont été rendus à leurs propriétaires, qui les ont réclamés ; 3 630 ont été livrés au domaine ; 1 301 ont été déposés à la préfecture de police, et 856 restent au bureau des réclamations.