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tion à des questions multiples sans cesse renouvelées, embrassant une quantité de localités diverses, questions fatigantes, monotones, souvent inutiles et parfois saugrenues.

En Angleterre il n’en est point ainsi : dans les gares sont tendues de grandes affiches où tous les renseignements imaginables concernant l’exploitation de la voie sont minutieusement détaillés. C’est au voyageur à se rendre compte des formalités qu’il doit remplir. L’administration l’a mis à même d’apprendre vite et bien tout ce qu’il lui importe de savoir ; elle ne s’inquiète plus du reste, et l’idée ne lui vient même pas d’avoir un agent chargé de répéter de vive voix ce qu’on peut lire d’un seul coup d’œil sur une pancarte placée en évidence et à la portée de tous. Que de fois, dans une gare française, nous avons vu un employé dont la patience nous émerveillait, expliquer des heures de départ et d’arrivée à un voyageur qui n’avait qu’à se retourner pour en voir le tableau affiché à côté de lui ! On se plaint souvent de la vivacité des gens d’administration ; a-t-on bien réfléchi que les saints eux-mêmes se damneraient à être en toute minute en contact avec un public dont la paresse augmente l’ignorance et qui s’imagine volontiers que les employés devant tout savoir sont tenus de répondre à toutes les interrogations qu’on leur adresse, même lorsqu’elles ne concernent pas leur service ? Les agents trouvent le public injuste et font entendre bien des doléances sur leur sort ; cela parfois devient même assez plaisant : les employés du chemin de Paris-Lyon-Méditerranée portent sur leur casquette (qu’on appelle indifféremment le tampon ou la plaque tournante) les lettres P. L. M. Ils prétendent que ces trois initiales signifient : Plaignez Les Malheureux.

La partie de la gare réservée au public est sans cesse dans une animation excessive. Ce qui s’y passe, chacun