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charges, offrir aux voyageurs la possibilité d’entendre la messe[1] ; l’activité de service imprimée aux turgotines supprimait la messe et le chapelain : d’où grande colère dans ce que l’on appellerait aujourd’hui le parti clérical ; on ne ménagea pas les insultes à Turgot, et les anas du temps ont conservé ce quatrain injurieux :


Ministre ivre d’orgueil, tranchant du souverain,
Toi qui, sans t’émouvoir, fais tant de misérables.
Puisse ta poste absurde aller un si grand train.
Qu’elle te mène à tous les diables !


Quoi qu’il en soit, ce fut là en réalité le premier service public, régulier, sérieux, responsable, établi en France pour le transport des voyageurs ; il constituait un progrès remarquable et était un véritable bienfait pour la population, qui semble cependant n’en avoir pas compris toute l’importance, car bien des cahiers des états généraux formulent le vœu « que l’on supprime le privilège des messageries, et, par contre, qu’on diminue le nombre des grandes routes. » Idée fausse par excellence. Par ce moyen on eût rendu, il est vrai, des terres à l’agriculture, mais on eût immobilisé les denrées et détruit tout mouvement commercial.

Modifiée dans sa constitution par les lois du 29 août 1790, du 25 vendémiaire an III, du 9 vendémiaire an VI, cette entreprise s’est sans cesse améliorée ; elle a servi de modèle à ses rivales, qui ne l’ont jamais complètement égalée, et elle a fonctionné avec un succès que la construction des chemins de fer devait arrêter pour toujours. Autour de ces messageries qui tour à tour, suivant le vent politique qui soufflait, furent royales, na-

  1. « Diligence de Lyon, port Saint-Paul ; départ de Paris, de deux jours l’un, à quatre heures du matin. Il y a une chapelle dans l’hôtel des diligences, où l’on dit la messe à trois heures et demie du matin, les jours de dimanches et fêtes. » État ou tableau de la ville de Paris, M.DCC.LX, p. 359.