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momentanés de service, sont punis par des amendes de un à vingt francs. La mise à pied, c’est-à-dire l’interdiction de travailler, est la dernière mesure à laquelle se résout la Compagnie, et seulement lorsqu’elle doit sévir contre un cocher grossier envers un voyageur. Les cochers redoutent les sévérités de leur administration, mais ce qu’ils craignent bien plus encore, c’est la préfecture de police, la curieuse, comme ils l’appellent. En effet, elle est pour eux une autorité souveraine : c’est le premier et le dernier ressort de la juridiction disciplinaire à laquelle ils sont soumis.

Un service spécial est consacré aux voitures de louage ; je l’ai étudié en détail, et je puis dire avec quelle régularité il fonctionne. Tout semble avoir été prévu pour assurer le roulement régulier des voitures dans Paris et pour rendre les cochers des serviteurs, non pas dévoués, — c’est impossible, — mais du moins polis et obéissants. Nul ne peut exercer le métier de cocher de voiture publique sans y être autorisé par la préfecture de police. Une demande ad hoc accompagnée de pièces constatant l’identité du candidat doit être remise dans les bureaux. Une enquête est immédiatement ouverte sur le postulant ; on écrit dans les pays où il a séjourné, aux différents patrons qu’il a pu servir, aux propriétaires des maisons qu’il a habitées, et, selon les renseignements que l’on a obtenus, on lui refuse ou on lui accorde l’autorisation qu’il sollicite. Lorsque sa moralité paraît suffisante et qu’il est admis au nombre des cochers, on lui donne un numéro qui n’a rien de commun avec celui des voitures[1], et on forme son dossier. Une chemise de fort papier administratif contient toutes les pièces qui concernent le cocher. Elle est naturellement composée

  1. En dix ans, du 14 mars 1857 au 14 mars 1867, la préfecture de police a délivré 23 635 numéros de cochers. Au 31 décembre 1873, les numéros délivrés s’élevaient au chiffre de 36 174.