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fluence des variations atmosphériques. Or la gutta-percha est la meilleure substance isolante que l’on connaisse, il faut donc l’employer jusqu’à nouvel ordre ; mais il serait nécessaire de la couvrir elle-même d’une chemise indestructible ; de cette façon elle serait protégée, par conséquent elle se détériorerait moins rapidement et maintiendrait avec plus de sûreté l’électricité dans le fil métallique. Le règne végétal peut offrir, je crois, une matière facile à tisser, qui, imbibée de goudron et roulée en bandes, serait une armure à toute épreuve pour les gaines isolantes. Dans l’archipel Indien croît naturellement un palmier qui atteint souvent plus de 100 pieds de haut ; les naturels le nomment aren ; il produit une pulpe mangeable[1]. Tout le tronc de l’aren et la naissance de ses feuilles longues de dix mètres sont couverts par des fibres ligneuses, noires, très-minces, d’une résistance extraordinaire et qui ressemblent à une chevelure épaisse et rude. Les Indiens en font des câbles. Une ancre retrouvée après un séjour de plus de soixante ans au fond de la mer était attachée à une corde d’aren ; pas une des fibres n’était pourrie. Cet exemple, je le sais, ne prouve pas grand-chose, car on a découvert dans les cités lacustres des paniers en tissu végétal qui n’étaient point sensiblement altérés. Mais en 1842, à Java, M. Francis van den Broek, qui est Français malgré son nom hollandais, ayant à diriger l’eau d’une rivière dans une sucrerie, s’aperçut que l’eau était vaseuse : il déposa sous sa chute un matelas en fibre d’aren et obtint un liquide d’une clarté parfaite ; depuis cette époque, depuis vingt-cinq ans, le même filtre sert au même usage ; il passe dans l’eau la saison, c’est-à-dire les quatre mois pendant lesquels

  1. Arengha saccarifera de Labillardière ; Saguerus Rumphii de Rumph. Il en existe deux beaux sujets dans les serres tropicales du Jardin des Plantes.