Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/163

Cette page a été validée par deux contributeurs.

une telle dépêche au ministre de l’intérieur, le général commandant la division militaire, le procureur général, l’évêque ou l’archevêque ne veulent pas être en reste ; on prouve son zèle et les longues phrases recommencent à circuler sur les fils, encombrent les bureaux de la rue de Grenelle et s’en vont en grande hâte aux ministères de la guerre, de la justice et des cultes. Pendant ce temps, les dépêches privées, les dépêches utiles attendent patiemment que ce lyrisme télégraphique se soit enfin épuisé de lui-même. La franchise est un abus pour les postes aussi bien que pour les télégraphes, et le seul moyen de le faire cesser est d’ouvrir un compte spécial à chaque ministère pour payer ses lettres et ses télégrammes.

Si l’administration télégraphique avait perçu la taxe afférente à ces dépêches franches, elle aurait pu donner plus de développement au service privé et apporter encore des améliorations nouvelles à ses procédés de transmission. Il en est une cependant qu’elle est parvenue à créer et qui, lorsqu’elle sera généralisée à Paris, sera un bienfait véritable pour notre population industrielle et commerçante. Je veux parler du tube pneumatique[1] qui, reliant le poste de la Bourse à celui du Grand-Hôtel, peut, dans l’espace d’une minute, envoyer 400 dépêches : j’entends 400 dépêches imprimées ou transcrites et enfermées sous enveloppes scellées. Ce tube fonctionne tous les jours, régulièrement, sans avaries, sans accidents ; l’expérience est faite aujourd’hui et démonstrative. Chacun a vu des enfants lancer de petites balles de terre glaise desséchée en soufflant dans une sarbacane. Le tube est une sarbacane de 1 200 mètres ; la bouche qui souffle est remplacée par une machine à air comprimé ; un étui de cuivre (chariot) joue le rôle de la

  1. Voy. Pièces justificatives, no 8.