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est surtout fort délicat et ses organes ont besoin de réparations fréquentes. En cas d’accident grave, l’appareil est remplacé sans délai ; il y en a toujours un certain nombre en réserve.

En descendant du bureau central, je suis passé devant une porte mystérieuse ; Le public n’entre pas ici. Cette porte donne accès au cabinet. C’est là que viennent les dépêches qui ne sont point faites pour les petites gens comme vous et moi, ainsi que disait le Petit-Père André. Les spéculateurs à la Bourse donneraient beaucoup pour pouvoir pénétrer dans ces arcanes où arrivent les grosses nouvelles : mort d’empereurs et de rois, révolutions, abdications, traités de paix, déclarations de guerre, attentats, mariages souverains, naissances princières ; les combinaisons où se joue le sort du monde se pressent là, tout élaborées, après avoir voyagé de conserve à travers l’étendue avec une commande de trois-six et une opération véreuse à quatre d’écart dont deux.

Au rez de-chaussée, une petite salle contient quatre pantélégraphes Caselli. On les a inaugurés à la direction générale le 5 février 1865. Chacun sait que cet appareil, qui est électro-chimique, reproduit en fac-simile tout ce qu’on peut tracer sur un papier : un portrait dessiné à la plume, soumis à l’influence de l’appareil de Lyon, sera pour ainsi dire photographié par l’appareil de Paris. Le résultat est si étrange qu’on peut à peine le concevoir ; il est cependant obtenu par un procédé extrêmement simple. À la station de départ, une dépêche est écrite sur un papier d’étain avec de l’encre ordinaire, qui n’est pas une substance conductrice, mais qu’on épaissit par surcroît de précaution. La dépêche est placée sur une surface convexe horizontale qu’un poinçon de fer, formant l’extrémité même du fil télégraphique, parcourt en suivant des lignes parallèles successives. À la station d’arrivée, un poinçon semblable, terminant aussi le fil