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vement la dépêche qui s’imprime ; le cerveau combine les gestes extra-rapides qu’il faut faire ; la lassitude causée par un semblable travail est extrême. Si l’on ajoute à cela que le volant de la machine imprime à l’appareil d’abord, à la table ensuite, une trépidation d’autant plus multipliée que les ondulations en sont plus courtes, on comprendra que tout le système nerveux soit singulièrement ébranlé et que les employés soient obligés de se relayer de deux en deux heures.

Peut-être ne serait-il pas très-difficile d’établir dans les postes où l’on se sert du télégraphe Hughes, une machine qui remonterait le poids des appareils et éviterait ainsi aux employés une fatigue et une préoccupation constantes ; alors il serait irréprochable. Il coûte plus cher que l’appareil Morse[1] ; mais comme il use infiniment moins de papier (cinq centimètres par dépêche simple), il paye par ce seul fait la différence en deux années. Comme il imprime lui-même, il n’exige aucune traduction, aucune écriture ; entre les mains d’un employé très-habile, il peut transmettre cinquante-cinq dépêches par heure. On m’a cité un agent qui parvenait à en expédier soixante-quatre ; mais celui-là est une exception. M. Hughes est arrivé à faire exécuter de l’autographie par son appareil ; au moyen de l’addition d’un simple cylindre, son télégraphe imprime ou reproduit l’écriture à volonté. Je n’ai pu me rendre compte de cette curieuse modification, l’appareil spécimen qui l’a subie étant à Vienne, où M. Hughes l’a expérimenté pour le faire adopter.

Dans les salles du bureau central, un poste de mécaniciens se tient à demeure, afin d’obvier immédiatement aux petites avaries qui peuvent inopinément arrêter le fonctionnement des appareils ; le mécanisme Hughes

  1. Le Morse, aujourd’hui, coûte 300 francs ; le Hughes, 1 300 francs.