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avec un soin méticuleux, sur lesquels un employé veille sans cesse et qu’on renouvelle en moyenne une fois par an. À ces piles communiquent les cent cinquante-deux fils qui partent du bureau central et traversent souterrainement Paris en s’appliquant aux murs des égouts, en longeant le plafond des catacombes, en se dissimulant dans des canaux spécialement creusés pour les recevoir. Parfois on en réunit plusieurs dans une même chemise après avoir eu soin de les envelopper séparément de gutta-percha, afin de les isoler les uns des autres. Il y aurait une belle fortune à faire pour l’inventeur qui trouverait une nouvelle matière isolante appropriable à la télégraphie. En effet, si la gutta-percha est bonne et solide lorsqu’elle est enfermée dans des conduits de fonte enterrés qui la maintiennent sévèrement hors du contact de l’air extérieur, elle devient promptement insuffisante lorsqu’elle est exposée aux variations de l’atmosphère ; elle se résinifie, elle se fendille et ouvre ainsi à l’électricité mille petits chemins dont celle-ci profite pour diminuer sa force et perdre de sa puissance[1].

Au-dessus de la salle des piles se trouve la chambre des fils ; ils sont dressés et fixés le long d’une muraille en bois peint, à peu près comme les cordes d’un piano sont dressées contre la table d’harmonie. À chacun d’eux est attaché un double jeton d’ivoire ; sur l’un est écrit le nom du poste auquel il aboutit : — Place du Havre

    employait la pile Daniell à sulfate de cuivre. — La pile Marié-Davy est actuellement remplacée, en grande partie, par les éléments à sulfate de cuivre de M. Callaud. La salle des piles contient 3 000 éléments Marié-Davy, 3 000 éléments Callaud et 1 000 éléments divers à l’essai (avril 1875).

  1. La gutta-percha, qui coûtait 2 francs par kilogramme lorsqu’on a commencé à l’employer pour revêtir les fils, revient aujourd’hui à 7 francs la livre. Cependant on est forcé de s’en servir, car c’est encore le moins médiocre des isolants ; le ciment, le goudron, le bitume, le sable, ont été essayés tour à tour et n’ont donné que de mauvais résultats. La peinture serait excellente, mais elle s’éraille, s’écaille et laisse, par conséquent, échapper le fluide.