Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/140

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne s’est réalisé, et la télégraphie électrique a pu fonctionner en toute sécurité[1].

Cependant les événements politiques s’étaient singulièrement modifiés en France à la suite de la révolution de Février ; le roi Louis-Philippe n’était plus sur le trône, et la monarchie avait fait place à la république. Maintenir au gouvernement seul le droit de se servir du télégraphe paraissait bien excessif avec des institutions républicaines, et l’on commença à parler sérieusement de la télégraphie privée. L’idée n’était point neuve, et le premier qui tenta de l’appliquer fut l’inventeur même de la télégraphie aérienne. Au mois de nivôse de l’an VII, Claude Chappe présenta au ministre un mémoire pour demander que les négociants fussent admis, moyennant rétribution, à jouir de la faculté d’expédier leurs dépêches par le télégraphe. Pendant la première année du Consulat, il reprit ce projet en le modifiant ; il proposa que le télégraphe servit aux correspondances des particuliers entre eux, fournît des renseignements à un journal créé spécialement pour donner des nouvelles de date récente et devint entre Paris et la province l’intermédiaire de la loterie. De ces trois projets, le dernier était d’une moralité douteuse ; ce fut le seul qu’on adopta. Au mois d’avril 1850, un officier d’état-major, M. de Montureux, publia dans un journal de Montpellier un travail qui concluait à l’établissement de la télégraphie privée. L’auteur, dit M. Édouard Pelicier[2], proposait de mettre annuellement à l’enchère le droit de correspondre par le télégraphe et d’appliquer aux dépêches un tarif de tant par syllabe, en dehors du prix d’abonnement ; il laissait, bien entendu, aux dépêches officielles la priorité de transmission. » La loi du 3 mai 1837 prouva

  1. La proportion des accidents dus à la malveillance que subissent les lignes télégraphiques est à peine de 1 pour 1 000.
  2. Statistique de la télégraphie privée.