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former une sorte de télégraphe propre à écrire tous les détails qu’on voudrait transmettre, à travers quelques obstacles que ce soit, à la personne chargée d’observer les lettres placées sur les aiguilles. En établissant sur la pile un clavier dont les touches porteraient les mêmes lettres et établiraient la communication par leur abaissement, ce moyen de correspondre pourrait avoir lieu avec facilité et n’exigerait que le temps nécessaire pour toucher d’un côté et lire de l’autre chaque lettre[1]. »

En principe, le problème était résolu. En quoi consistait-il ? À reproduire et à interrompre à volonté dans un fil conducteur le courant électrique de manière à se servir de ce dernier comme d’un agent moteur pouvant déterminer à distance et avec un synchronisme parfait des oscillations ou des battements sur une aiguille, un alphabet ou un clavier.

Le fluide électrique est doué d’une rapidité sans égale. Sa vitesse, mesurée par Wheatstone, est de 333 300 kilomètres par seconde. « Pendant la durée d’une seule pulsation de l’artère, a dit M. Le Verrier, l’électricité ferait sept fois le tour de la terre. » Si donc un fil a l’une de ses extrémités à Paris et l’autre à Marseille, si ce fil est convenablement électrisé par une pile de force suffisante, si chacune de ses extrémités est en rapport avec une aiguille soumise à un mécanisme identique, il est certain que les interruptions ou les dégagements d’électricité se feront sentir simultanément au point de départ et au point d’arrivée ; en d’autres termes, les signes obtenus sur l’appareil de Paris seront instantanément reproduits sur l’appareil de Marseille. C’est là tout le mystère de la télégraphie électrique ; l’électro-aimant en est l’agent indicateur principal, puisqu’il a littéralement des alternatives d’action et de repos, de vie

  1. Annales de physique et de chimie, IIe série, 1820, t. XV, p. 73.