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dant on avait constaté au procès que du 22 août 1834 au 25 août 1836, les frères Blanc avaient reçu cent vingt et une fois le faux signal indicatif du mouvement des fonds.

L’instruction qui précéda le procès avait ouvert les yeux du ministère, et dès lors il voulut posséder le droit d’un monopole qui n’existait que de fait. Le 6 janvier 1837, M. de Gasparin, ministre de l’intérieur, exposant les motifs de la loi qui attribue l’usage du télégraphe au gouvernement seul, put dire avec raison : « Nous sommes forcés de demander plus à la législation que nos devanciers, parce que nous demandons moins à l’arbitraire. » Le 28 février suivant, M. Portalis fit le rapport et conclut à l’adoption d’un article unique ainsi conçu : « Quiconque transmettra sans autorisation des signaux d’un lieu à un autre, soit à l’aide de machines télégraphiques, soit par tout autre moyen, sera puni d’un emprisonnement d’un mois à un an et d’une amende de 100 à 10 000 francs. » La loi fut votée le 14 mars 1837 par 112 voix contre 37. Tout l’effort des ministres, de la commission, des orateurs, avait été de prouver que la télégraphie deviendrait un instrument de sédition des plus dangereux, si par malheur on ne lui interdisait pas sévèrement de servir aux correspondances du public. Moins de treize ans après, une loi devait battre en brèche ces vieux arguments et faire entrer la télégraphie privée dans le droit commun et dans les usages de la nation.

Mais ce qui devint possible avec la télégraphie électrique ne l’était pas avec la télégraphie aérienne ; celle-ci allait être bientôt renversée par sa jeune et toute puissante rivale. Dès le 2 juin 1842, à propos d’un crédit de 30 000 fr. demandé à la chambre des députés pour faire un essai de télégraphie nocturne, Arago put dire : « Nous sommes à la veille de voir disparaître non-