Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/114

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les commissaires choisis dans le comité de l’instruction publique furent Arbogaste, Daunou et Lakanal. Les deux premiers étaient au moins indifférents, sinon hostiles aux tentatives de Chappe, dont ils ne comprenaient pas l’importance. Il n’en était heureusement pas ainsi de Lakanal ; cet homme de bien, amoureux de tout ce qui pouvait faire la gloire de la France, ne fut pas long à se rendre compte des résultats exceptionnels que l’invention de Claude Chappe pouvait obtenir. Dès lors il se voua au télégraphe sans réserve, stimula l’apathie de ses collègues, fit pousser avec vigueur les travaux entrepris, convainquit Cambon, qui ne voyait là qu’une nouvelle source de dépenses pour l’État épuisé, et de haute lutte autant que par persuasion il réussit à mener l’œuvre à bonne fin. Chappe comprit bien qu’il devait tout à Lakanal ; dans sa correspondance avec celui que la Restauration devait chasser de l’Institut, il y a des mots touchants qui peignent au vif sa gratitude : « Grâces vous soient rendues mille fois ! Vous avez triomphé de tous les obstacles ; que dis-je ? vous les avez transformés en moyens ; me voilà pleinement satisfait. » Et ailleurs : Je prie mon créateur de recevoir l’hommage de sa créature. »

La Convention avait permis à Chappe de requérir la garde nationale pour protéger ses travaux de construction ; mais nulle manifestation hostile ne se renouvela ; on connaissait maintenant dans le public la grandeur du but poursuivi et l’on ne vit plus reparaître l’absurde défiance des premiers jours. Le moment définitif était venu ; le 12 juillet 1793, la veille de l’assassinat de Marat, une expérience solennelle eut lieu en présence de Daunou, d’Arbogaste, de Lakanal et de personnages éminents appartenant à la politique, aux sciences et aux arts. La ligne partant de Ménilmontant, aboutissant à Saint-Martin-du-Tertre (Seine-et-Oise) avec station à