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ses essais, qui n’aboutirent à aucun résultat satisfaisant. Il chercha alors, en combinant des objets de couleurs différentes, à obtenir des signaux visibles et distincts ; mais il s’aperçut qu’il fallait multiplier les stations sur un espace relativement restreint, car dès que la distance était notablement augmentée, les nuances les plus diverses devenaient uniformément blanches au soleil et noires à l’ombre. Il eut recours au son et employa des casseroles, sur lesquelles on frappait, à faire parvenir à une distance de 400 mètres des phrases convenues. Toutes ces tentatives furent infructueuses, et peut-être Claude Chappe aurait-il renoncé à son projet, s’il ne s’était souvenu des règles qu’il avait utilisées dans son enfance pour correspondre avec ses frères. Cette fois il était sur la bonne route et ne la quitta plus.

Le 2 mars 1791, il avait amené son appareil à un point de perfection assez avancé pour qu’il pût convoquer les officiers municipaux de Parcé, district de Sablé (Sarthe), et faire devant eux des expériences dont ils dressèrent procès-verbal. C’est là l’acte de naissance de la Télégraphie. Deux instruments étaient en vue, l’un à Parcé, l’autre à Brulon, séparés par 16 kilomètres. Les phrases échangées furent : « Si vous réussissez, vous serez bientôt couvert de gloire. » — « L’Assemblée nationale récompensera les expériences utiles au public. » Et elles furent transmises dans l’espace de six minutes et vingt secondes. Le succès avait été complet. Chappe continua ses expériences pendant près d’une année, puis il vint à Paris tenter la grande publicité, et voulant avant toute chose attirer l’attention sur lui, il obtint par l’entremise de son frère Ignace Chappe, député à l’Assemblée législative, l’autorisation d’élever sa machine sur un des pavillons d’octroi de la barrière de l’Étoile. L’appareil construit allait pouvoir bientôt fonctionner, lorsque pendant une nuit des hommes masqués le ren-