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d’Auteroche, avait été envoyé par l’Académie des sciences, dont il était membre, à Tobolsk, afin d’y observer, le 6 juin 1761, le passage de Vénus sur le soleil ; plus tard, pour étudier un phénomène semblable, il se rendit en Californie, où il mourut des suites de ses fatigues. Il avait légué à son neveu le goût des sciences et l’aptitude au travail, car Claude Chappe fut un travailleur infatigable. Cependant l’idée première de sa découverte, qui eut une si grande importance à la fin du siècle dernier, est plutôt due au hasard, à une malice d’enfant, qu’à une volonté préconçue et nettement dirigée vers un point défini. Claude Chappe, destiné à l’état ecclésiastique, avait été mis dans un séminaire éloigné de trois quarts de lieue environ du pensionnat où ses quatre frères faisaient leurs études. Ces enfants cherchèrent un moyen de communiquer entre eux malgré la distance, et Claude imagina d’appliquer des règles plates et noires sur la surface blanche des murailles du séminaire. À l’aide d’une lorgnette, ses frères pouvaient voir facilement les différentes positions qu’il faisait prendre à ses règles et lire ainsi des phrases dont le vocabulaire avait été convenu entre eux. Telle fut l’origine singulière de l’appareil et du système de signaux qui devaient former plus tard le télégraphe et le langage télégraphique.

Il est probable que ce jeu d’enfants cherchant à tromper la discipline d’une maison d’éducation ne laissa pas grande trace dans l’esprit de Claude Chappe, qui était devenu abbé et devait, ainsi que tant d’autres, se défroquer pendant la Révolution. Ce ne fut en effet que vers 1790 qu’il conçut le plan d’un système complet de correspondance par signaux. On dirait que du premier coup il eut une vision de l’avenir, car il dirigea ses recherches vers l’électricité, dont la force inconnue et les propriétés à peine soupçonnées préoccupaient les esprits sérieux de l’époque. Il renonça promptement à