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particulier pour correspondre de Ménilmontant à Bagneux, y renonça spontanément après avoir eu connaissance de celui de Claude Chappe.

L’idée flottait dans les esprits, elle allait bientôt s’y condenser et trouver sa formule. Les procès-verbaux de l’Assemblée législative racontent que, dans la séance du jeudi soir 22 mars 1792, « M. Chappe est introduit à la barre ; il fait hommage à l’Assemblée d’une découverte dont l’objet est de communiquer rapidement à de grandes distances tout ce qui peut former le sujet d’une correspondance. Il annonce que la vitesse de cette correspondance sera telle, que le corps législatif pourra faire parvenir ses ordres à nos frontières et en recevoir la réponse pendant la durée d’une même séance ; il présente des procés-verbaux qui prouvent qu’il a déjà fait plusieurs expériences de son moyen dans le département de la Sarthe et qu’elles ont été suivies de succès. » L’Assemblée applaudit, admit M. Chappe aux honneurs de la séance, et renvoya l’examen de la découverte au comité de l’instruction publique.

Quelle était cette nouvelle invention qui se révélait tout à coup ? Était-elle, comme celle qui l’avait précédée, incomplète, maladroite, hérissée de difficultés qui en rendaient l’application dispendieuse et l’usage impraticable ? était-ce le rêve d’un cerveau tourmenté de célébrité à tout prix ? Était-ce au contraire le résultat d’études sérieuses et bien pondérées, de combinaisons à la fois ingénieuses et faciles ? Quel en était l’auteur et comment avait-il été amené à faire une telle et si importante découverte ?

Claude Chappe était né dans le département de la Sarthe, à Brulon, en 1763 ; il avait donc vingt-neuf ans quand il se présenta à la barre de l’Assemblée législative. Les glorieux antécédents scientifiques ne faisaient point défaut dans sa famille ; son oncle, l’abbé Chappe