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Guillaume Amontons est le premier Français qui se soit occupé de télégraphie, et son système, dont on ne peut parler que par induction, car rien n’en a subsisté, paraît avoir beaucoup de ressemblance avec celui que Chappe devait faire prévaloir plus tard. Des expériences furent faites dans le jardin du Luxembourg en présence du dauphin et de mademoiselle Choin. Dans l’Éloge d’Amontons, Fontenelle regarde l’invention de ce dernier comme un jeu d’esprit très-ingénieux, et cependant il affirme qu’avec ce procédé il est facile d’envoyer une dépêche de Paris à Rome en trois ou quatre heures, sans que la nouvelle soit connue dans les pays intermédiaires. Le secret, dit-il, consistait à disposer dans plusieurs postes consécutifs des gens qui, par des lunettes de longue vue, ayant aperçu certains signaux du poste précédent, les transmettaient au suivant, et toujours ainsi de suite, et ces différents signaux étaient autant de lettres d’un alphabet dont on n’avait le chiffre qu’à Paris et à Rome. La plus grande portée des lunettes faisait la distance des postes, dont le nombre devait être le moindre qu’il fût possible, et comme le second poste faisait des signaux au troisième à mesure qu’il les voyait faire au premier, la nouvelle se trouvait portée à Rome en presque aussi peu de temps qu’il en fallait pour faire les signaux à Paris. » L’indifférence du public, l’insouciance de l’auteur, pour qui la découverte théorique était plus importante que toute application, mirent à néant ce projet, dont il n’était déjà plus question depuis longtemps, lorsque Amontons mourut au mois d’octobre 1705.

Deux citations empruntées, l’une au Journal de Barbier, l’autre aux Mémoires secrets de Bachaumont, prouveront que le dix-huitième siècle en était réduit à d’assez pauvres inventions lorsqu’il s’agissait de correspondre de loin. « La grande inquiétude de Paris, dit