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PROLOGUE




On entrevoit alors que la mort est un remède, et qu’elle vient au secours des destinées qui ont peine à s’accomplir.
michelet.


En 1850, j’étais en Égypte ; je revenais de la Nubie, et ma cange, après avoir descendu les cataractes, côtoyé les paysages du Nil, stationné devant les ruines de Thèbes, s’arrêta un matin au mouillage de Kénéh, C’était à la fin de mai ; l’inondation avait abandonné les terres crevassées par le soleil ; il faisait chaud et le vent de khamsin poussait des rafales brûlantes sous le ciel décoloré. Mon équipage, qui depuis six semaines maniait ses longues rames en chantant, était épuisé de fatigue, il demandait un repos que je lui accordai sans peine, et je résolus d’aller visiter les bords de la mer Rouge, dont la ville de Kénéh est séparée par un petit désert que les caravanes mettent quatre jours à traverser. Un certain chrétien de Bethléem nommé Iça, faisant fonction