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substituts, étaient à étudier en détail et à décrire par le menu : c’était là une tâche bien tentante, mais à laquelle il a fallu renoncer ; la preuve matérielle manque, le feu a tout détruit ; quant aux témoins qui jadis furent si bavards, ils sont devenus muets aujourd’hui, et la plupart ont trouvé prudent d’avoir perdu la mémoire. Dans trop de cas, j’en aurais été réduit à procéder par induction, méthode toujours faillible et souvent périlleuse. J’ai donc résolument écarté de mon récit une masse de faits qu’il ne m’a pas été donné d’approfondir dans des conditions de sécurité satisfaisante. La plupart de ces faits seront connus plus tard, et permettront de faire une véritable histoire de la Commune, œuvre émouvante et de haute portée que j’ai dû renoncer à entreprendre, car il ne m’eût pas été possible de la mener à bonne fin.

Le grand dépôt des documents inédits pour servir à l’histoire de la Commune n’est point ouvert ; j’ai vainement frappé à sa porte, qui, je crois, restera longtemps fermée. Je parle des greffes des conseils de guerre : il y a là environ cinquante mille dossiers qui ne sont encore que des instruments judiciaires, mais qui deviendront un jour des documents historiques d’une incomparable valeur ; tout est là : rapports, dépositions, enquêtes, correspondances, pièces olographes c’est une mine inépuisable ; on n’aura qu’à y fouiller pour en faire sortir la vérité sur les moindres détails de chaque événement. Là aussi on trouvera les projets que les stratèges de la Commune ont accumulés au ministère de la guerre, et que, sur l’ordre de M. Thiers, une commission a classés, catalogués et placés à l’abri des investigations actuelles de l’histoire. Les greffes de la justice militaire, les greffes de la justice criminelle sont clos ; lorsque l’heure sera venue de les ouvrir, on verra apparaître une histoire anecdo-