Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

confiés : attendu que la loi défend de sortir de Paris à tout individu de dix-neuf à quarante ans… Ordonnons : Tous les chefs de postes devront mettre à la disposition de nos sous-délégués toutes les forces disponibles des postes, sur un simple avis des sous-délégués… Tout individu qui voudra résister sera au besoin passé par les armes, séance tenante[1]. » Si l’on était sévère, — on vient de voir à quel excès, — pour les honnêtes gens qui fuyaient devant la nécessité de servir la Commune, on était d’une indulgence maternelle pour les malfaiteurs. — Jean-Marie Ollivier est condamné, par jugement correctionnel du 8 janvier 1871, à six mois de prison pour vol et outrage aux agents de la force publique ; l’avènement de la Commune le trouve à la prison de Sainte-Pélagie ; il en sort d’après l’ordre textuel que voici : « Ordre de lever l’écroue du nomme le Ollivier Jean Marie côndane pour avoir volle du bois de chauffage sur les boulevards, chose pour moi insinifiante. Le commandant de place : Révol. Ordre de mettre en liberté : E. Duval. (sans date). » La mise en liberté arbitraire des détenus criminels est un fait qui se reproduisit souvent pendant la Commune ; nous aurons à le signaler.

On sait que tout mandat d’arrestation doit contenir le motif d’icelle : c’est une garantie pour le détenu et une responsabilité pour l’agent de l’autorité qui ordonne l’incarcération. Sous la Commune, on a changé tout cela. Les mots sans motifs reviennent constamment sur les ordres d’écrou : parfois les motifs sont dérisoires : « Suspect, — soupçonné d’être bedeau, — affaires politiques, — a lacéré les affiches, — allait

  1. Voir Pièces justificatives, n° 2. Je dis ici une fois pour toutes que je ne cite pas une pièce dont je n’aie la minute originale sous les yeux ; mon travail est exclusivement fait sur documents holographes.