Au lendemain d’une insurrection victorieuse, toujours faite au nom de la liberté, nul ne se dit : « Je suis libre, mais chacun dit : « Je suis le maître. » Il y a longtemps que Lamennais a énoncé cette vérité, lorsque, dans ses Pensées, il écrivait en 1841 : « Nul ne veut obéir et tous veulent commander. Demandez au républicain son secret : son secret est le pouvoir, le triomphe de son opinion et de son intérêt ; il se dit : Quand je serai roi ! c’est là sa république. » Les gens de la Commune ont à cet égard dépassé toute limite ; chacun s’était emparé d’une portion de l’autorité brisée entre les mains du gouvernement légal, et, sous prétexte de se montrer révolutionnaire, agissait selon sa propre fantaisie. Cette part d’autorité n’était employée qu’à des actes arbitraires, à des arrestations, dont le plus souvent les motifs échappent à toute perspicacité. Cela éclate avec évidence lorsque l’on parcourt le registre d’écrou du Dépôt près la préfecture de police. Il y a émulation parmi ces maîtres ; chacun veut signer son papier, appliquer son cachet et faire acte de dictateur.