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nuance et comité de toute défroque, se jalousaient, se baissaient, et allaient commencer à « s’épurer », lorsque la France rentra à Paris.

Ces dissentiments eurent le bon résultat de rendre. la défense incohérente, mais ne descendirent jamais jusqu’aux fédérés, qui s’en souciaient peu et ne se préoccupaient guère que de l’abondance des distributions de vivres. « Pour une grande partie du peuple, la révolution n’est qu’un opéra. » Ce mot de Marat nous est souvent revenu à la mémoire, lorsque nous regardions les évolutions des troupes de la Commune. Le spectacle que Paris offrait alors était désespérant. En haut, des vaniteux, arrivés aux accidents tertiaires de l’envie purulente ; en bas, des êtres violents prêts à tous les méfaits ; au milieu le troupeau des moutons de Panurge, êtres indécis, mobiles, sans résistance contre les passions qui les harcèlent, sans propension au mal, sans attrait vers le bien, obéissant machinalement et ne comprenant rien aux événements dont ils sont enveloppés, sinon qu’ils ont une bonne paye, beaucoup de vin et trop d’eau-de-vie.

Les actes les moins justifiables ne soulevaient pas les consciences et trouvaient même des approbateurs. Le 19 avril, on afficha cette sanie sur les murailles de Montmartre : « Attendu que les prêtres sont des bandits et que les églises sont des repaires où ils ont assassiné moralement les masses en courbant la France sous la griffe infâme des Bonaparte, Favre et Trochu, le délégué civil des Carrières près l’ex-préfecture de police ordonne que l’église Saint-Pierre-Montmartre soit fermée et décrète l’arrestation des prêtres et ignorantins. Signé: Le Moussu. » Si la population restait indifférente à ces brutalités, elle acceptait avec confiance, et sans raisonner, toutes les sornettes qu’on lui débitait. Pour l’entretenir dans la haine de Versailles