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tous les services, privés de leurs chefs, étaient désorganisés Paris, sans police, sans armée, sans gouvernement, était livré aux émeutiers.

Si M. Thiers fut surpris de sa défaite, le Comité central ne fut pas moins étonné de sa victoire plus d’un vainqueur l’a dit : « Nous ne savions que faire et nous étions fort embarrassés[1]. » C’était cependant le Comité centrât qui avait mené la journée. N’ayant rien prévu des événements qui le prenaient à l’improviste, il se réunit dans une salle d’école, rue Basfroi, no 11, et l’on avisa aux mesures propres à neutraliser la tentative du gouvernement, qui livrait bataille pour reprendre des canons dont il n’aurait jamais dû se dessaisir. Bergeret, envoyé a Montmartre, Varlin à Batignolles, devaient faire leur jonction, marcher sur la place Vendôme et s’y barricader, après s’être emparés des états-majors ; Faltot, passant derrière l’École Militaire et les Invalides, avait pour mission d’occuper les ministères de la rive gauche, l’hôtel des télégraphes, et de donner la main à Varlin et à Bergeret par le Carrousel ou par la place de la Concorde, de façon à commander la rue de Rivoli ; Duval, posté au Panthéon, avait à prendre possession de la Préfecture de police, tout en laissant un détachement au parvis Notre-Dame, de façon a favoriser le mouvement de Pindy sur l’Hôtel de Ville, qu’Eudes aurait attaqué après avoir pris la caserne Napoléon, pendant que Brunet s’y aérait présenté par la rue Saint-Martin.

Ce plan réussit, non pas parce qu’il était habilement

  1. Jourde a dit : « Le Comité ne se serait, jamais douté que nous puissions avoir Paris en si peu de temps ; le soir nous étions à nous demander ce qu’il fallait faire ; nous ne voulions pas nous emparer de l’Hôtel de Ville ; nous voulions faire des barricades nous avons été très embarrassés de notre autorité. » (Enquête parlementaire sur le 18 mars, déposition de M. Ossude.)