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l’on colporta un nouveau mot d’ordre l’Assemblée est monarchiste, elle veut étrangler la république et proclamer un roi. Il n’y eut pas un fédéré qui n’acceptât cela et ne se préparât à la lutte. Le même jour, l’Assemblée adopta une loi maladroite qui prouve à quel point cite ignorait les souffrances du commerce parisien, ou combien elle était résolue à n’en point tenir compte. Une série de décrets avait prorogé l’échéance des billets de commerce ; l’Assemblée voulut que les billets échus le 13 novembre fussent exigibles le 13 mars. C’était mettre les petits négociants, si nombreux à Paris, dans l’Impossibilité de faire honneur à leur signature, et c’était en outre indisposer des gens influents dans leur quartier, dévoués à la tranquillité dont ils ont besoin, et prêts à combattre pour le maintien de l’ordre. Ce décret, dont le résultat économique le plus clair se note par un nombre prodigieux de protêts signifiés du 13 au 17 mars, vint en aide au Comité central ; s’il ne lui donna pas de partisans, il diminua du moins le nombre de ses adversaires, lorsque l’on battit le rappel dans la matinée du 18 mars.

On avait adopté déjà une autre décision non moins périlleuse : un décret du 16 février supprimait la solde à tous les gardes nationaux qui, pour la conserver, n’en feraient pas la demande avec pièces à l’appui. C’était trancher brusquement une délicate question, c’était dédaigner les leçons de notre histoire contemporaine, et oublier que la suppression subite de la paye des ateliers nationaux en 1848 nous avait valu l’insurrection de Juin. Après la guerre, en février, en mars 187l, la population de Paris était fort malheureuse ; nul travail régulier, peu d’ateliers ouverts, et des habitudes de paresse auxquelles il était difficile de renoncer du jour au lendemain. Il eût été sage, il eut été