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pirent les capitulations et la haine que j’ai vouée à l’Allemagne qui m’ont jeté dans l’insurrection, dès le 19 mars. » Il serait facile de multiplier ces exemples ; ceux-ci suffisent à démontrer que la lutte projetée contre les vainqueurs pénétrant dans Paris était un prétexte destiné à couvrir des projets d’une autre nature. C’est aussi à l’abri du même subterfuge, c’est pour empêcher les Prussiens de s’emparer des canons de la garde nationale, que le Comité central se saisit des pièces d’artillerie, les fit hisser à Belleville, à Montmartre, refusa de les restituer à l’État longtemps après l’évacuation de Paris par les Allemands, et engagea ainsi une lutte qui ne se termina que le 28 mai.

Le Comité central intervient officiellement pour la première fois dans la nuit du 26 au 27 février en transmettant des ordres, qui furent exécutés, aux officiers de la garde nationale de service au VIe secteur ; mais il n’avait pas attendu si longtemps pour faire preuve de force et affirmer son action. C’est lui qui, par ses délégués, organisa les manifestations qui défilaient sur les boulevards, se rassemblaient place de la Bastille et circulaient en chantant autour de la colonne de Juillet. Là les gardes nationaux et les soldats débandés fraternisaient, échangeaient des bouquets d’immortelles et saluaient de leurs acclamations le drapeau rouge qu’un marin avait fiche dans la main du génie de la liberté.

Un fait qui paraitrait impossible chez une nation civilisée, si l’on ne savait que les religions, les philosophies et la morale sont impuissantes à tuer complètement la bestialité qui subsiste dans l’homme, vint démontrer tout à coup aux moins clairvoyants à quels périls Paris allait être exposé. Le 26 février, la foule s’entassait sur la place de la Bastille. Un ancien inspecteur de police, nommé Vincenzini, fut reconnu et dési-