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PIÈCES JUSTIFICATIVES.
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témoins dont les témoignages s’accordent avec le nôtre, je cite un prêtre assurément très grave, très consciencieux et bien connu du clergé de Paris. C’est M. l’abbé Bacuez, directeur au séminaire Saint-Sulpice.

« Avant son introduction dans notre section, M. Pinet ne nous avait rien dit qui pût nous faire soupçonner ses bons sentiments et il est trop honnête pour vouloir accepter seul la gloire due à 82 autres pour la journée du 27 mai 1871.

« Qu’on l’interroge lui-même. Son honnêteté ne lui permettra certainement pas d’affirmer que nos barricades ont été commencées sur son invitation, car il était absent quand on les faisait, et il les trouva faites en rentrant dans notre section.

« On nous a quelquefois objecté que nous avions tort d’insister tant sur ce fait ; nous répondrons que ce fait intéresse l’histoire de France et celle de l’Église.

« En conséquence, nous ne pouvons supporter qu’on écrive cette histoire contrairement à la vérité, et nous ne craignons pas un contrôle, puisque nous avons cité les noms et les adresses de cinquante-deux témoins.

« Quant à l’importance du fait, voici les considérations que nul ne peut dédaigner.

« N’est-ce pas dans la Roquette qu’ont été massacrés quatre prêtres avec l’archevêque de Paris et le premier Président de la Cour de Cassation[1] ?

« N’est-ce pas de là que sont sorties, le 26 mai, les 47 victimes massacrées à la rue Haxo[2] ?

« N’est-ce pas à côté de nous, dans la Petite-Roquette, qu’il y avait environ onze cents soldats otages qu’on voulait mettre à mort et qui furent sauvés ?

« N’est-ce pas sur la place de la Roquette que le premier archidiacre de Paris fut massacré et qu’un grand nombre d’autre victimes furent immolées ?

« N’est-ce pas dans la Roquette que furent emprisonnés deux vicaires généraux de Paris, le secrétaire général de l’archevêché, plusieurs curés et vicaires et des prêtres de diverses congrégations religieuses ?

« Enfin, n’est-ce pas à la Roquette que les chefs de la Commune s’étaient retirés à la dernière heure, pour y établir le centre de leur gouvernement[3] ?

  1. M. Bonjean n’était pas le premier président de la Cour de cassation. M. D.
  2. Les victimes massacrées dans la rue Haxo étaient au nombre de cinquante-deux. M. D.
  3. Jamais les chefs de la Commune ne se sont retirés à la Grande-Roquette ; le centre de ce gouvernement a été établi le 26 mai à la mairie de Belleville, et, le 27, rue Haxo, dans une maison portant le no 145, ayant servi d’état-major au service auxiliaire, et habitée par Vésinier. M. D.