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PIÈCES JUSTIFICATIVES.

échange, l’élargissement de l’archevêque de Paris et de quatre ou cinq personnes détenues avec lui. Le vicaire général Lagarde, qui est allé à Versailles pour s’occuper de cette affaire, n’a envoyé ici que des rapports vagues et incomplets sur le résultat de sa démarche ; mais, comme il ne revient point, on croit que tout espoir de succès n’est pas perdu.

À défaut d’information précise, on conjecture que le gouvernement craint de paraître traiter avec la Commune, en acceptant l’échange proposé ; il est possible, en outre, qu’il regarde la libération de M. Blanqui comme dangereuse, au milieu de la présente agitation. Maintenant, les personnes qui s’intéressent soit à Blanqui, soit à l’archevêque, désirent vivement que l’on soumette les considérations suivantes à M. Thiers, qui les appréciera avec sagesse et humanité, et l’on croit qu’elles auraient un grand poids si elles étaient présentées à M. Thiers par Son Exc. le ministre des États-Unis.

La question n’est pas entre la Commune et le gouvernement, mais entre le gouvernement et les personnes sus-mentionnées. Ces dernières ont décidé que l’archevêque et quatre ou cinq autres prisonniers, à désigner par M. Thiers, seraient envoyés à Versailles, si l’on peut avoir l’assurance que M. Blanqui sera mis en liberté. Cette assurance devait être garantie par la parole du ministre des États-Unis, autorisé à cet effet par celle de M. Thiers. Quant à la libération de M. Blanqui, au lieu de l’ordonner officiellement, ne serait-il pas possible de la réaliser, en lui laissant la faculté de s’évader, en sous-entendant qu’il ne serait pas repris, à moins que ce ne fût pour quelque nouveau délit commis par lui ? De cette façon le gouvernement n’aurait rien absolument à faire avec la Commune ; quelqu’un en dehors de la Commune recevrait l’assurance donnée par M. Washburne, et tout serait arrangé.

Il ne pourrait y avoir aucun danger sérieux à élargir M. Blanqui, même dans l’état actuel des choses.

La résistance de Paris est une résistance entièrement militaire, et la présence de M. Blanqui n’y pourrait rien ajouter.

Les idées politiques et sociales que représente la Commune ne sont pas, en elles-mêmes, ni dans leur application, celles de M. Blanqui ; s’il venait à s’associer lui-même à la Commune, il ne serait pas un lien d’union entre les membres qui la composent, mais plutôt un nouvel élément de discorde.

À tout évènement, il ne semble pas qu’au milieu des théories politiques et sociales de la Commune il puisse être mis fin au présent conflit autrement que par la force des armes. On n’aurait donc aucun nouvel embarras à surmonter si M. Blanqui était mis en liberté, et même s’il revenait à Paris. Le ferait-il, d’ailleurs, ou ne le ferait-il pas ? On l’ignore.

Si l’on savait exactement pour quelles raisons M. Thiers hésite à prendre une résolution favorable sur la proposition d’échange qui