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un morceau de pain pour toute arme entière ou brisée que l’on m’apportera ce moyen est facile et d’un succès certain. » M. Jules Favre rejeta cette proposition ; il affirma le patriotisme et l’abnégation de Paris. Depuis, répétant un mot de Danton, il en a demande pardon a Dieu et aux hommes. Il a eu tort ; la condition dictée par le vainqueur n’était pas acceptable ; mais, sans arriver à cette nécessite, on peut regretter que l’on n’ait pas pris un moyen terme.

Le 25 janvier, le général Trochu déplorait que l’on n’eût point exigé que, la garde nationale fût dissoute et réorganisée, de manière à en « éliminer les éléments perturbateurs ; car il n’y a pas de gouvernement possible avec cette garde nationale armée ». C’était bien pensé. Pourquoi n’a-t-on pas essayé cette réorganisation, qui, si elle n’eût pas complètement évité le mal, l’eût du moins atténué ? Parce que le conseil du gouvernement de la Défense nationale repoussa à l’unanimité « ce regret et cette appréciation ». Cette appréciation était cependant juste, on ne le vit que trop plus tard, et la mesure proposée était fort modérée. Mais le gouvernement sentait qu’il n’y avait qu’un maitre, et que ce maître était cette garde nationale, précieusement ménagée pour une éventualité redoutée, et qui se disposait à combattre contre tout venant afin de conserver ses armes, ses privilèges et sa solde.

À l’annonce de l’armistice, — qui était en réalité une capitulation, puisque nous livrions tous les forts sous Paris, — la garde nationale fut exaspérée ; les commandants qui s’étaient le moins battus furent ceux qui poussèrent les plus hauts cris ; il y eut des scènes pénibles chez le général Clément Thomas, et les reproches qu’il adressa à certains tranche-montagnes de cabaret ne turent pas sans influence sur la mort qui lui fut infligée le 18 mars. Les gens les plus paisibles subirent