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LA RÉVOLTE DES OTAGES.

œuvre de tous les crimes où Paris succombait, revendiquait l’honneur de présider au dénouement du drame dont il avait joué la première scène.

La folie de destruction qui les agitait atteignit son dernier période. Au matin de cette journée et sur la zone des fortifications qui va de la porte de Bagnolet à la porte de Pantin, les pièces de rempart retournées vers la ville furent pointées sous leur inclinaison maxima ; elles lançaient au hasard les projectiles dont on les chargeait à outrance, quitte à les faire éclater. Les soldats allemands, l’arme au pied, rangés dans les villages suburbains, regardaient avec stupeur cette prodigieuse dévastation et se félicitaient en reconnaissant que la haine sociale détermine plus d’énergie que le patriotisme.

Pendant cette journée, où la lutte, ramassée sur des points singulièrement, faciles à défendre, fut d’un acharnement sans pareil, deux tentatives furent faites pour obtenir passage à travers les lignes prussiennes. On eût dit que les gens de la Commune, semblables à des créanciers exigeants, réclamaient le payement de la dette de reconnaissance contractée pendant le siège par les Allemands envers le parti révolutionnaire qui les avait si puissamment aidés par ses diversions. Hippolyte Parent fit sonner en parlementaire et alla demander à un chef de bataillon bavarois l’autorisation pour les fédérés de se retirer derrière les lignes d’investissement. On lui répondit que l’on n’avait point d’ordre et qu’on en réfèrerait au générâl Fabrice. Un peu plus tard, Arnold, le membre de la Commune, sortit à son tour ; il essaya d’entrer en pourparlers avec les Allemands, fut promené d’officier en officier, et enfin renvoyé avec sa courte honte.

Pendant que les uns se cherchaient pour se fusiller, que les autres s’efforçaient de se mettre a l’abri au