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nale ne l’ignorait pas il avait, déjà été prononcé aux plus mauvaises heures de notre histoire. Le 31 mai 1793, au moment ou la Gironde et la Montagne se saisissent corps à corps, Barrère demande qu’une partie de la garde nationale de Paris soit envoyée aux frontières. Robespierre n’y consent pas : « Les patriotes parisiens ont mieux à faire ; ils ont à défendre la citadelle de la révolution et les citoyens intègres et purs qui conduisent le char révolutionnaire. » L’écho des clubs, des corps de garde, des cabarets, a répété souvent cette parole pendant la durée du siège on n’y a été que trop fidèle. On avait envoyé, cent bataillons à l’affaire de Buzenval ; une vingtaine prirent part à l’action, les autres surent y échapper en se dissimulant ; quelques-uns de ceux-ci se battirent avec énergie, au temps de la Commune, contre les troupes françaises.

Dès le mois de septembre, le gouvernement ne dut conserver aucun doute à l’égard de certains bataillons, les plus nombreux malheureusement, de cette garde nationale qui n’avait point assez de railleries contre nos soldats prisonniers. Le 19, un bataillon de mobiles de Paris destitue ses chefs, après avoir refusé de leur obéir, évacue le Mont-Valérien qu’il était chargé de garder, et revient à la débandade au moment où la tête des colonnes allemandes apparait à Rueil. Pour obvier à de tels inconvénients, exiger de chacun le service que le pays était en droit d’imposer, pour former ces récalcitrants à la discipline, pour faire des soldats avec ces hommes, une armée avec cette foule, on n’imagina rien de mieux que de laisser nommer les officiers a l’élection. « Les gardes mobiles ont tout intérêt, disait naïvement M. Jules Favre, à choisir parmi eux les plus braves et les plus capables. » Dès lors, dans la même ville, vivant côte à côte, s’inspirant de passions opposées, il y eut deux armées en