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stigmatisée par l’histoire, se sont attribué la mission d’être mes pourvoyeurs des maisons pénitentiaires et les fauteurs des massacres dont elles ont été ensanglantées.

Pendant la période d’investissement, Paris manqua d’autorité : état de siège, état de guerre, vains mots, nul effet. Le pouvoir militaire, le pouvoir politique, le pouvoir administratif, se combattaient, se neutralisaient et produisaient une incohérence sans nom. On obéissait à tout le monde, au gouverneur, aux ministres, aux maires, aux chefs de corps, aux commandants de la garde nationale, aux présidents des comités et des clubs ; ces autorités multiples détruisaient l’autorité ; en résumé, on n’obéissait à personne. Bien souvent, trop souvent, l’on a comparé les États à un navire. On peut accepter ce lieu commun et dire que, si on laisse aux matelots toute licence pour la manœuvre, le vaisseau ne tardera pas à sombrer avec les passagers et l’équipage. Les députés de Paris, — tous nés en province à l’exception de MM. Picard et Rochefort, — qui recherchèrent la responsabilité de sauver la France après la journée du septembre, ne surent faire ni la paix, ni la guerre ; ils ne surent ni utiliser les forces qu’ils avaient en mains, ni mettre obstacle aux insurrections que chacun prévoyait. Ils connaissaient cependant la nature du double danger qui menaçait Paris et eux-mêmes.

D’une part, ils avaient à combattre les hommes dont l’Empire avait souvent déjoué les projets révolutionnaires de l’autre, il fallait discipliner et employer aux œuvres patriotiques une population en armes qui eût été un précieux secours contre l’ennemi, si l’on s’était sérieusement occupé de l’arracher à l’influence des meneurs de qui elle recevait le mot d’ordre. Or ce mot d’ordre, le gouvernement de la Défense natio-