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qui ne soit mauvaise, Cela est naturel : lorsque la cause est criminelle, les effets sont funestes. C’est à la Commune que l’on peut, plus, qu’à toute autre tyrannie, appliquer la belle pensée d’Ernest Renan : « Il est un comble de méchanceté dans le gouvernement qui ne permet pas au bien de vivre, même sous sa forme la plus résignée. » Ce fut le cas de la Commune ; non seulement elle fit le mal, mais elle ne put tolérer le bien, car celui-ci était contraire à son essence. En vain quelques-uns de ces législateurs improvisés luttèrent pour empêcher la révolte de glisser sur la pente où elle devait être entraînée ; ils ne furent point écoutés, et on se disposait à les traiter en ennemis publics, lorsque nos têtes de colonnes franchirent les fortifications de Paris.

Ai-je été trop sévère en parlant de cette époque ? Je ne le crois pas ; toute violence me fait horreur, qu’elle vienne de César ou qu’elle vienne de Brutus, et la Commune n’a été qu’une explosion de violence, explosion d’autant plus douloureuse à supporter, d’autant plus impie, qu’elle se produisait à un moment où le plus simple patriotisme commandait le recueillement, le retour sur soi-même, l’effort individuel au profit de la communauté, la soumission aux lois et le respect de sa propre dignité en présence de l’ennemi. Si l’indignation que j’ai ressentie alors s’est apaisée, elle a été ravivée par l’attitude provocante que les contumax ont affectée, par les projets de revanche qu’ils ont formulés, par les accusations iniques qu’ils ont portées contre la France, qui avait été réduite à les combattre et à les vaincre pour ne pas périr. Ils frelatent si résolument leur histoire, qu’il m’a paru convenable de dire ce que j’en savais, afin de lui rendre les médiocres et criminelles proportions dans lesquelles elle se meut.