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les bandes de la fédération auraient réussi à repousser l’armée.

Le 25 mai était pour Gustave Chaudey un double anniversaire heureux qui lui rappelait son mariage et la naissance de son fils. Ce jour-là, Mme Chaudey, traversant les rues pleines de combattants, était venue voir son mari, et, malgré ses instances, n’avait pu obtenir d’Augustin Ranvier l’autorisation de diner avec lui. Chaudey descendit au greffe, essaya d’arracher au directeur la permission demandée et n’y parvint pas. Mme  Chaudey dut s’éloigner ; elle quitta son mari en lui disant : « À demain. »

La journée avait été assez calme ; la prison cependant avait reçu trois nouveaux hôtes. Des fédérés avaient envahi l’église Saint-Médard, et, à défaut d’adversaires en armes qu’ils n’y cherchaient pas, ils y découvrirent deux vicaires et un bedeau, qu’ils s’empressèrent d’arrêter. MM. Assclin de Villequier, Picou et Platuel furent amenés à Sainte-Pélagie, non sans avoir été injuriés pendant leur trajet par les gardes qui les escortaient et par les insurgés qu’ils rencontrèrent ; ils furent écroués « sans motifs, par ordre du chef de la treizième légion » qui était Sérizier, lequel n’aimait pas les prêtres, ainsi qu’il le prouva par le meurtre des dominicains d’Arcueil.

Le soir était venu Augustin Ranvier, assez souffrant il la suite d’un des « balthazars » dont il avait l’habitude, était couché ; auprès de son lit, Préau de Védel, Gentil, Benn, Clément, Jollivet, officier du XIIIe arrondissement, qui avait amené les prêtres de Saint-Médard, étaient assis, et jouaient aux cartes. Vers onze heures du soir, un surveillant nommé Berthier entra dans l’appartement et dit que Raoul Rigault était au greffe, où il demandait tout de suite le directeur. Augustin Ranvier, Préau de Védel. Bonn. Clément et Gentil se