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ment qu’un nombre restreint de prisonniers et est séparée en deux parties distinctes la section cellulaire et la section en commun, que l’on appelle vulgairement le quartier des cochers, parce que c’est là, dans un dortoir, dans un préau, que ceux-ci subissent les peines insignifiantes auxquelles ils sont souvent condamnés par le tribunal de simple police. Le grand guichet est une vaste halle gothique, soutenue par des colonnes recevant la retombée des arcs de la voûte ogivale, et qui, traditionnellement du moins, fut la salle des gardes du roi saint Louis. La prison n’occupe qu’un rez-de-chaussée ; les étages supérieurs appartiennent à la Cour de cassation. Un dégagement intérieur permettait jadis de sortir de la Conciergerie et d’aboutir à l’angle gauche de la grande cour, — la cour du Mai, — du Palais de Justice. On l’a souvent confondue avec le Dépôt ; la plupart des otages survivants qui ont écrit le récit des faits dont ils ont été les témoins ont presque tous raconté qu’ils avaient été préalablement incarcérés à la Conciergerie, où cependant ils n’ont jamais mis le pied.

Le directeur régulier, M. Fontaine, ancien capitaine en retraite, n’avait pu, après le 18 mars, se refuser à écrouer les détenus qui lui étaient adressés par les nouveaux maîtres de l’ex-préfecture de police. Le gouvernement de l’insurrection ayant enjoint à tous les employés d’avoir désormais à lui obéir[1], M. Fontaine crut devoir se retirer, et adressa à ses su-

  1. Art. 1. Les employés des divers services publics tiendront désormais pour nuls et non avenus les ordres ou communications du gouvernement de Versailles ou de ses adhérents. — Art. 2. Tout fonctionnaire ou employé qui ne se conformerait pas à ce décret serait immédiatement révoque. Hôtel de Vil le, 29 mars 1871 Pour la Commune, par délégation : Président, Le Français ; Assesseurs : Ranc, Ed. Vaillant.